De grâce, cessez de comparer la zakât au Fonds de solidarité nationale (26/26). Les fonds récoltés par le projet 26-26 – qui, rappelons-le, est un numéro de code postal – étaient destinés à accroître les investissements publics et venir en aide aux familles nécessiteuses, même si d’aucuns se servaient au passage.
Il ne suffit pas de se livrer à des comparaisons malvenues et de remuer les vieux souvenirs du régime de Ben Ali pour discréditer la proposition d’Ennahdha et son appendice la Coalition El Karama. Derrière cette proposition portant sur la création d’un fonds de la zakât dans le cadre de la Loi de finances, derrière cet appel aux âmes musulmanes charitables, se cachent de noirs desseins.
En effet, le parti Ennahdha demeure un repère de khouenjiya (frères musulmans) qui n’ont jamais renoncé à leurs velléités d’islamisation du pays. Ils voulaient inaugurer une nouvelle ère à travers l’institutionnalisation de la zakât, à savoir l’islamisation en douce de l’Etat et de ses institutions.
Ainsi, il faut éviter de se perdre dans des comparaisons stériles. N’éludez pas la question des enjeux des affrontements présents et à venir, celle des véritables enjeux qui se dissimulent derrière l’article sur les fonds de la zakât, et nommez les choses par leur nom : l’institutionnalisation de la zakât aurait été un premier pas vers l’islamisation du pays.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » écrivait le grand Albert.
Pierrot LeFou