À peine le régime d’Assad tombé en Syrie que plusieurs pays européens annoncent la suspension de leur programme d’asile pour les demandeurs d’asile syriens. C’est le cas de la France – et de l’Allemagne, qui compte près d’un million de Syriens
Le ministère de l’Intérieur français a annoncé lundi travailler sur « une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie ».
Quel avenir pour les demandeurs d’asile syriens en Europe, au lendemain de la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie ? Plusieurs pays européens ont annoncé la suspension de l’examen des demandes d’asile d’exilés syriens, lundi 9 décembre, tandis que la France a déclaré qu’elle travaillait sur cette question. Le ministère de l’Intérieur français a ainsi déclaré travailler sur « une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie », et cherchait lundi à aboutir rapidement à une décision sur le sujet.
L’Allemagne, pays de l’UE accueillant la plus importante diaspora syrienne, a annoncé lundi suspendre les décisions sur les demandes d’asile en cours d’exilés syriens dans le pays. Etant donné « l’incertitude actuelle », l’Office fédéral de l’immigration et des réfugiés a « décrété aujourd’hui un gel des décisions pour les procédures d’asile actuellement encore en cours », a déclaré la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, dans un communiqué.
Lundi, les autorités autrichiennes ont elle aussi annoncé suspendre les demandes d’asile d’exilés syriens et préparer « un programme d’expulsion ». « A partir de maintenant, l’ensemble des procédures en cours vont être stoppées« , a déclaré le ministère de l’Intérieur autrichien dans un communiqué. Près de 100 000 Syriens vivent en Autriche et environ 7 000 d’entre eux sont concernés par cette décision. Le cas de ceux qui se sont déjà vu accorder l’asile va également être réexaminé, et le regroupement familial est suspendu.
« Dans ce contexte, j’ai chargé le ministère de préparer un programme de rapatriement et d’expulsion vers la Syrie », a ajouté le ministre de l’Intérieur, Gerhard Karner. « La situation politique en Syrie a fondamentalement changé, avec une soudaine accélération des événements ces derniers jours », a souligné le ministère, jugeant « important de réévaluer la situation ». Le chancelier conservateur, Karl Nehammer, a durci les mesures ces dernières années face à la poussée de l’extrême droite en Autriche.
La Suède, le Danemark et la Norvège ont annoncé à leur tour suspendre l’examen des demandes d’asile syriennes lundi après-midi. « Compte tenu de la situation, il n’est tout simplement pas possible d’évaluer les motifs de protection à l’heure actuelle« , a défendu Carl Bexelius, responsable des affaires juridiques à l’Office suédois des migrations dans un communiqué. La décision suédoise sera officialisée mardi. Les autorités vont aussi suspendre les expulsions, en attendant que la situation politique s’éclaircisse en Syrie.
Au Danemark, la commission de recours des réfugiés a également « décidé de reporter la date limite de départ pour les personnes en mesure d’être expulsées vers la Syrie« , ce qui concerne 50 cas. A l’été 2020, le pays est devenu le premier Etat de l’Union européenne à réexaminer des centaines de dossiers de réfugiés syriens, au motif que « la situation actuelle à Damas n’est plus de nature à justifier un permis de séjour ou son extension ». Dans les faits, il n’y a pas eu de retour forcé de réfugiés syriens vers la Syrie.
Le Commissariat général belge aux réfugiés et aux apatrides (CGR) anonce suspendre temporairement le traitement des demandes d’asile de Syriens.
Le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) a décidé de suspendre temporairement le traitement des demandes d’asile des Syriens, a-t-il indiqué lundi, confirmant une information du quotidien De Standaard.
Selon le porte-parole de l’administration, Olivier Brasseur, la situation en Syrie est actuellement trop floue pour évaluer le risque d’un éventuel retour. « Nous avons décidé aujourd’hui de suspendre temporairement le traitement des demandes d’asile des Syriens, sauf pour les personnes qui bénéficient d’un statut dans un autre État membre de l’Union européenne, puisqu’il n’y a alors pas de crainte vis-à-vis du pays d’origine », a-t-il expliqué.
Concrètement, les candidatures seront mises « en attente » jusqu’à ce que la situation dans le pays soit plus claire. « En attendant, les gens ont toujours le droit d’être hébergés », a poursuivi le porte-parole.