La Tunisie navigue à vue depuis plus de six ans déjà. Il n’y a ni plan de développement économique, ni budget économique, ni stratégie claire, ni vision, au moins sur les plans économique et financier. Résultat: une mauvaise gestion et un pays qui s’enfonce dans des problèmes économiques et financiers graves. Une telle situation pourrait nous mener vers un défaut de paiement, un rééchelonnement de la dette extérieure et …. la perte d’une partie de notre souveraineté.
En 2015 un projet de plan de développement économique 2016-2020 a été élaboré, avec la participation de plusieurs centaines, ou plusieurs milliers de Tunisiens. Nous sommes en avril 2017 et ce projet de plan n’a toujours pas été approuvé. Et il vaut mieux qu’il ne le soit pas d’ailleurs. Les objectifs qui y sont inscrits sont irréalisables. Et ce projet ne correspond plus à la réalité de la Tunisie d’aujourd’hui. Et pourtant nos députés continuent à en discuter. La Tunisie n’a plus besoin de ce projet de plan de développement 2016-2020.
La Tunisie a besoin, et d’urgence, d’un plan sur deux ans. Un plan de sauvetage d’une économie qui subit une hémorragie sans précédent. En bref un plan d’ajustement structurel (PAS) visant à arrêter l’hémorragie et à sortir l’économie, et les finances publiques, de cette impasse. Ce PAS doit être le résultat d’un diagnostic consensuel qui doit être signé par toutes les parties prenantes, et qui doit engager toutes les parties afin de barrer la route à toute forme de surenchère.
Une fois ce PAS exécuté, nous aurons de nouveau une économie assainie qui répondra aux réformes profondes.
Et d’ajouter
Attention, excès de tawafok
Attawafok, le consensus, n’est pas toujours la meilleure solution. Le consensus aboutit parfois à un nivellement par le bas. Attawafok est en réalité le PPCM (Plus Petit Commun Multiple).
Le consensus peut naître d’un blocage des institutions. Mais il aboutit souvent aussi au blocage des institutions, en se substituant à celles-ci.
Certains considèrent en que le consensus (attawafok et attafahoumat) est le mot magique de la transition démocratique de la Tunisie, la solution en cas de blocage.
Mais un excès de consensus tue le consensus, et ….. les institutions. A force de consensus, et de concessions de part et d’autre, personne ne joue plus son rôle.
Ezzeddine Saidane