Alors qu’on se doit d’alléger les processus bureaucratiques et de réduire le nombre des organisations publiques, le dernier Conseil de ministre a donné suite aux promesses du président Kais Saied voulant créer un nième office de développement du Sud.
On sait que le Sud disposait déjà d’un Office du développement du Sud (ODS) dont le siège social est sis à Médenine et qui a des représentations régionales dans les six Gouvernorat du Sud. Le Sud compte aussi des Offices de périmètres irrigués, deux Instituts de recherche dont les mandats sont voués au développement agricole et pastoral du Sahara et régions arides tunisiennes. Des organisations qui manquent de moyens et qui ne font quasiment plus rien de vraiment créateurs de la plus value utile pour la croissance ou la création de l’emploi.
Et comme trop ce n’est pas assez, on décide la création d’un ODSS (Office de développement du Sud et du Sahara) à installer à Tozeur. La promesse présidentielle a été faite pour les « merazigues », les habitants de la région de Doux. Mais, on décide d’installer l’ODSS de l’autre côté des chotts El-jerid, à Tozeur.
Il s’agit d’un cafouillage, d’un aberrant Dédoublement institutionnel et une autre reproduction des organisations qui ont le même mandat, mais toujours avec moins de moyens et moins d’évaluation pour renforcer l’efficacité et l’efficience, tout en minimisant les dépenses inutiles. On donne l’impression que le gouvernement improvise pour faire plaisir au président, ne produisant aucune étude qui justifie sa décision sur le plan économique, social ou institutionnel.
L’idée de la création est venue au président de Kais Saied lors de sa récente visite de la ville de Douz et Regime Maatoug. Une idée issue d’un élan d’enthousiasme populiste, pour faire plaisir à des citoyens qu’il a rencontrés dans ces contrées faites d’oasis et de dunes de sables.
L’idée du président ne s’appuie sur rien qui justifie sa pertinence et ou qui estime sa valeur ajoutée nette dans le contexte. Aucune étude de faisabilité préalable ne démontre l’impératif d’ajouter une autre couche institutionnelle et organisationnelle dans le Sud ou ailleurs en Tunisie. Aucun pragmatisme et aucune stratégie étayée par des projections, des simulations et des investissements précis, dans le temps et dans l’espace macroéconomique de la région.
L’ODSS sera un doublon de l’ODS. Les deux vont avoir les mêmes vocations et les deux ne vont pas pouvoir avoir les moyens de leurs ambitions, pour atteindre leurs objectifs. L’Etat étant exangue, et le pays peine à trouver 24 milliards de dinars pour boucler son Budget 2024.
Le CMR tenu il y a deux jours a traité des décrets de création de l’ODSS, n’a pas traité de ces enjeux et n’a fait que traduire l’idée présidentielle en organigramme organisationnel. Il ne se prononce pas sur les budgets consentis pour édifier l’ODSS et lui donner les moyens de ses ambitions.
Les experts en développement économique s’accordent à dire que le Développement régionale dans les zones arides du Sud tunisien requiert la création d’une Banque de développement capable de financer la création d’oasis, d’industries agro-alimentaires, d’entreprises innovantes…à des taux d’intérêt abordable (5-6%j et avec un appui direct dans la prise en compte et le partage des risques.
Un expert insiste pour nous dire que « l’ODSS ainsi crée est une coquille vide, un leurre électoraliste voué à l’échec…. ».
Que de la petite politique politicienne, alors que la Tunisie s’endette dangereusement et s’appauvrit inéluctablement.
Au lieu d’innover, l’Etat tunisien fait plus de ce qui n’a pas fonctionné dans le pass.
Regardons ensemble les décisions du CMR tenu avant hier à ce sujet. On reproduit le texte du communiqué officiel publié à ce sujet.
-Un projet de décret portant création de l’Office de Développement du Sud et du Sahara et son organisation administrative et financière, ainsi que les modalités de sa gestion.
Selon la présentation faite par la ministre de l’Economie et de la Planification, Feryal Ouerghi Sabai, la création de cet Office a pour objectif de garantir plus d’efficacité aux politiques de développement régional et d’améliorer l’action de développement dans les quatrième et cinquième districts.
L’Office sera un établissement public à caractère non administratif afin de favoriser une flexibilité administrative et financière à sa gestion. Cette structure, qui aura son siège à Tozeur, relèvera du ministère de l’Economie et de la Planification.
Il oeuvrera à assurer une meilleure orientation des investissements publics afin d’assurer une exploitation optimale des ressources naturelles et humaines dans les différents gouvernorats du Sud de manière à booster le développement dans ces régions et à assurer leur intégration dans le circuit économique nationale.
D’après la même source, l’office aura pour missions de développer les oasis et l’agriculture biologique, ainsi que de valoriser la flore du désert et l’élevage camelin.
Il s’attèlera également, au développement des énergies alternatives et renouvelables, dont l’énergie solaire, photovoltaïque et géothermique, des industries basées sur les produits locaux et des projets de tourisme alternatif, en l’occurrence le tourisme saharien.
L’Office oeuvrera, en outre à assurer le développement des zones de libre-échange dans les régions frontalières et contribuera à créer des clusters entre les régions dans l’objectif de créer des pôles compétitifs de développement dans les régions intérieures afin de lutter contre les inégalités régionales et l’immigration
Moktar Lamari , Economics for Tunisia, E4T