Une catastrophe à venir, pour les producteurs d’huile d’olive corse. Pour la première fois, la bactérie xylella fastidiosa a été détectée sur des oliviers et chênes verts de Corse. Jusqu’à présent seules des plantes ornementales avaient été touchées sur l’île et en PACA dans le sud de la France.
La bactérie xylella fastidiosa, qui a décimé des milliers d’oliviers en Italie et reste sans remède connu, a été détectée pour la première fois sur des oliviers et chênes verts de Corse, a annoncé lundi le syndicat interprofessionnel des oléiculteurs de Corse (Sidoc).
Contactée par la presse, la préfecture de Corse a annoncé que « l’État allait refaire les analyses et rendre public les résultats » pour tous les tests positifs effectués par le laboratoire de l’Inra d’Angers à la demande du Sidoc.
« C’est la première fois que l’olivier et le chêne vert sont touchés en Corse et qu’une filière économique, l’oléiculture, est touchée », a précisé Sandrine Marfisi, présidente du syndicat d’une filière qui représente 3 millions d’euros de chiffre d’affaires en Corse.
Cette bactérie ravage les arbres en quelques semaines. « C’est un drame écologique qui s’annonce, pas uniquement un drame financier ni même culturel. Je ne sais pas comment on va en sortir », a réagi mardi 3 avril sur franceinfo Fabienne Maestracci, la vice-présidente du syndicat Oliu di Corsica. Elle parle d' »un fléau au même titre que la peste pour les hommes ».
En France, elle a été signalée pour la première fois en Corse, en juillet 2015. Au total, 25 foyers avaient déjà été détectés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et 350 en Corse, mais aucun sur des oliviers, jusqu’à présent. La bactérie en Corse, qui était de la sous-espèce dite « multiplex », a surtout touché des plantes ornementales comme le laurier-rose par exemple.
Contestant les analyses « toujours négatives » du laboratoire national de référence de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), seul habilité à effectuer les analyses sur les échantillons prélevés en Corse, le Sidoc a sollicité l’Inra d’Angers dont « l’expertise est internationalement reconnue et (les) méthodes réputées plus sensibles à la Xylella que celles de l’ANSES », explique-t-il dans un communiqué.
« Le verdict est tombé », poursuit le Sidoc: les oliviers de deux ronds-points du grand Ajaccio, à Baléone et Caldaniccia, des oléastres (oliviers sauvages), myrtes et chênes verts prélevés sur un large foyer à Ventiseri, sur la côte Est de la Corse, « sont déclarés infectés par Xylella fastidiosa ». Les analyses pour identifier la sous-espèce de cette bactérie sont en cours, selon la même source.
Le syndicat a précisé que « ces résultats, confirmés par deux méthodes d’analyses moléculaires, ont été communiqués vendredi par le laboratoire de l’INRA d’Angers à la direction générale de l’alimentation du ministère de l’Agriculture ».
Soulignant qu’il y a « 10.000 hectares d’oliviers en Corse, 107.000 hectares de chênes verts et que l’oléastre est une plante endémique du maquis corse qui couvre plus de 300.000 hectares », le syndicat juge les risques de contamination « incommensurables ».
Cette bactérie a été détectée pour la première fois en Europe en 2013 dans les Pouilles (sud de l’Italie).
Connue aux États-Unis sous le nom de maladie de Pierce (qui a fortement touché les vignobles californiens à la fin du XIXe siècle), la bactérie est transmise par des insectes de la famille des cigales, et a été détectée à ce jour dans quatre pays européens (Italie, France, Espagne et Allemagne).
Aucun remède ne permet actuellement de guérir les végétaux malades en plein champ et deux projets de recherche sur la Xylella fastidiosa sont financés par le programme Horizon 2020 de l’UE. Elle peut potentiellement toucher 359 espèces végétales, selon la sous-espèce détectée (multiplex, pauca, fastidiosa, sandyi, morus, tashke).
Avec agences