L’Empire du milieu est le premier à faire alunir un rover sur la face cachée de notre satellite naturel. Un tour de force.
La Chine a réussi, ce jeudi, le premier alunissage jamais réalisé sur la face cachée de la Lune, montagneuse et accidentée contrairement à la face visible qui offre de nombreuses surfaces planes pour se poser.
C’est une première dans l’histoire de l’exploration de la Lune. La Chine a réussi, jeudi 3 janvier, le premier alunissage jamais réalisé d’un engin spatial sur la face cachée de la Lune.
Le module d’exploration Chang’e-4, qui avait quitté la Terre le 8 décembre, s’est posé sans encombre à 10 h 26 heure de Pékin (2 h 26 GMT), a rapporté l’agence Chine nouvelle. Il a envoyé une photo de la surface lunaire au satellite Queqiao, en orbite autour de la Lune, a précisé la télévision publique CCTV.
Contrairement à la face de la Lune la plus proche de la Terre, qui est toujours tournée vers notre planète, aucune sonde ni aucun module d’exploration n’avait encore jamais touché le sol de l’autre côté. La face cachée est montagneuse et accidentée, parsemée de cratères, alors que la face visible offre de nombreuses surfaces planes pour se poser.
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Culture des tomates et d’autres plantes
Un des défis majeurs est de parvenir à communiquer avec le robot lunaire : la face cachée étant toujours orientée dans le sens opposé à la Terre, il n’y a pas de « ligne de mire » directe pour transmettre les signaux, sauf à installer un relais.
La Chine a donc lancé en mai dernier un satellite baptisé Queqiao (« Le Pont de la pie »), positionné en orbite lunaire de façon à relayer les ordres et les données échangées entre la Terre et le module. L’engin chinois doit notamment mener des études portant sur les basses fréquences radio, les ressources en minéraux et la culture des tomates et d’autres plantes.
C’est la deuxième fois que la Chine envoie un engin explorer la surface lunaire après le Yutu (Lapin de jade) en 2013, qui est resté actif pendant 31 mois.
Le plus grand nombre de lancements
C’est un exploit de plus pour la Chine. Alors qu’elle avait terminé l’année 2018 en affichant le plus grand nombre de lancements (39, contre 31 américains et 20 russes), elle commence 2019 d’une plus belle manière encore, puisqu’elle vient de poser un rover (véhicule robotisé) sur la face cachée de la Lune, ce jeudi 3 janvier. Une grande première mondiale qui confirme à la fois les ambitions et les qualités de Pékin dans le domaine spatial.
Le véhicule, qui fait partie de la mission Chang’e 4 – du nom de la déesse de la Lune dans la mythologie chinoise – a été propulsé le 7 décembre par une fusée Longue Marche 3B depuis le centre de lancement de Xichang, dans le sud-ouest du pays. Depuis le 13 décembre, il effectuait des tours de notre satellite naturel, notamment pour vérifier que les communications et le transfert de données avec la Terre fonctionnaient correctement. Maintenant qu’il a aluni, il va pouvoir commencer sa mission, à savoir étudier cette partie encore inexplorée de l’astre Sélène et y mener des expériences scientifiques.
« Les Chinois ouvrent une nouvelle fenêtre sur l’Univers »
« Maintenant que les Chinois se trouvent sur la face cachée, ils vont pouvoir déployer des antennes puissantes écoutant l’espace profond, explique Francis Rocard, astrophysicien et responsable du programme d’exploration du système solaire à l’agence spatiale française (CNES). Car de ce côté-ci de la Lune, on est protégé de la pollution radio de la Terre ; en un sens, ils ouvrent une nouvelle fenêtre sur l’univers ». La mission Change 4 a également un intérêt géologique. « Le rover a aluni au milieu du bassin Aitken, un cratère affleurant non pas la croûte superficielle, mais le manteau lunaire, si bien que ses examens du sol pourraient apporter leur lot de surprises », ajoute le scientifique français.
Avec agences