Le plus puissant séisme ayant touché la Birmanie depuis des décennies a été ressenti jusqu’en Thaïlande. L’épicentre du tremblement de terre a été situé sur la faille de Sagaing, considérée comme l’une des « failles coulissantes les plus dangereuses du monde », écrivent des sismologues. Selon un nouveau bilan de la junte qui dirige le pays, la catastrophe du 28 mars a fait au moins 1 000 morts et 2 376 blessés. L’ampleur considérable des destructions suite à des secousses d’une magnitude de 7,7 a fini de pousser les militaires au pouvoir à lancer un très rare appel à l’aide à la communauté internationale.
En Birmanie, le séisme de magnitude 7,7 a fait de nombreux dégâts. « Dans certains endroits, des immeubles se sont effondrés », a souligné le chef de la junte, Min Aung Hlaing. Dans la capitale, où un grand défilé militaire avait lieu la veille, le sol a vibré pendant 30 longues secondes avant de se stabiliser, laissant les routes déformées et crevassées.
Les abords de l’hôpital où s’est rendu Min Aung Hlaing ont pris un air de champ de bataille, des centaines de blessés ayant afflué et été pris en charge à l’extérieur en raison des dégâts subi par le bâtiment. L’entrée des urgences s’est complètement effondrée. « C’est une zone avec des victimes en masse », a lancé un responsable de l’établissement. Et un médecin d’ajouter : « Je n’ai jamais rien vu de tel. Nous essayons de gérer la situation. »
À Mandalay, deuxième plus grande ville du pays, des photos de l’AFP montrent de nombreux immeubles en ruines. De nombreux bâtiments ont été détruits et la ville manque cruellement de secouristes. Le pont routier reliant Mandalay et Sagaing, l’université et le mur du palais royal de Mandalay, se sont effondrés et les télécommunications ont été touchées, a déclaré la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
La catastrophe naturelle a poussé le pouvoir militaire, isolé depuis le coup d’État de février 2021, à lancer un rare appel à la communauté internationale, invitant « tout pays, toute organisation » à venir apporter son secours.
Répondant à l’appel, l’Union européenne a proposé une aide d’urgence à la Birmanie et à la Thaïlande. « Les satellites européens Copernicus aident déjà les secours. Nous sommes prêts à apporter un soutien supplémentaire », a indiqué sur X la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.
Le président des États-Unis, Donald Trump, a affirmé que son pays allait « aider » la Birmanie, estimant que ce qu’il se passe est « terrible ». L’Inde a également fait savoir qu’elle apporterait son aide. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé de son côté avoir déclenché son système de gestion des urgences après le séisme, et de nombreuses ONG sont d’ores et déjà en train de mobiliser leurs forces pour apporter de l’aide aux sinistrés.
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« L’aide doit pouvoir arriver dans toutes les zones »
Toutefois, dans ce pays largement coupé du monde à cause de la guerre civile et un embargo international, la crainte des ONG est de voir les militaires contrôler l’aide humanitaire. « On sait que la junte malheureusement a instrumentalisé beaucoup de catastrophes naturelles en Birmanie jusqu’à maintenant. Il faut vraiment que les gouvernements et les organisations internationales qui sont prêtes à aider la population birmane après ce séisme fassent attention à ce que l‘aide ne passe pas uniquement par les administrations de la junte », avance Johanna Chardonnieras, de l’ONG Info Birmanie, auprès de Heike Schmidt pour RFI.
Selon elle, toutes les administrations – et pas que militaires – doivent être intégrées dans la réponse à la catastrophe. « On a déjà vu la junte redistribuer l’aide humanitaire seulement dans les zones sous son contrôle et la bloquer dans les zones hors de son contrôle. Avec la catastrophe d’aujourd’hui, ça doit cesser. L’aide doit pouvoir arriver dans toutes les zones », intime l’humanitaire.
Dès la survenue de la catastrophe, l’état d’urgence a été déclaré dans les six régions de Birmanie les plus affectées, selon un porte-parole de la junte. Mais déjà, des voix critiquent l’inaction du régime, à l’image de cette jeune habitante de Rangoon, qui estime que contrairement au gouvernement thaïlandais, celui de Birmanie « ne fait rien ». « Les responsables du pays promettent qu’ils vont régler la situation, qu’ils vont faire tout ce qu’il faut. Mais ils ne vont rien faire du tout. En réalité, ils ne se soucient pas des victimes. Tout ce qui compte pour eux, c’est leur propre personne », tance-t-elle.