L’ancien ministre des Affaires étrangères d’Angela Merkel, Frank-Walter Steinmeier, issu du SPD, a été élu président d’Allemagne. Il est la douzième personnalité depuis la Seconde Guerre mondiale à accéder à cette fonction principalement honorifique.
Le candidat de la coalition au pouvoir a raflé la grande majorité des voix de l’Assemblée fédérale, collège électoral qui se réunit tous les cinq ans pour choisir le chef de l’Etat.
Sans surprise, Frank-Walter Steinmeier, membre du parti social-démocrate (SPD), a été élu dimanche 12 février 12e président fédéral d’Allemagne. L’ancien ministre des Affaires étrangères d’Angela Merkel a obtenu 931 voix sur 1 260 votants du collège électoral, composé de parlementaires et de représentants des seize régions.
Frank-Walter Steinmeier était assuré de la victoire en raison du soutien de son parti et des démocrates-chrétiens de la chancelière Angela Merkel, alliés au sein de la coalition gouvernementale. Il devient la douzième personnalité depuis la Seconde Guerre mondiale à accéder à cette fonction essentiellement symbolique.
Un président anti-Trump
La presse le présente comme un « anti-Trump » après ses multiples critiques à l’égard du président américain. S’il s’est bien gardé de faire directement référence à la situation aux États-Unis dans son premier discours en tant que président, il a appelé à « défendre » la « démocratie et la liberté » au moment où elles sont mises en cause.
« Lorsque les bases (de la démocratie) vacillent, il nous faut plus que jamais les soutenir », a-t-il déclaré, soulignant que la « cohésion de la société [était primordiale] en ces temps tumultueux où le monde semble ne plus tourner rond ».
Le couronnement d’une longue carrière politique
Frank-Walter Steinmeier est né en 1956 à Detmold, dans l’ouest de l’Allemagne. Il n’a pas 20 ans quand il adhère au SPD, le parti social-démocrate. Juriste de formation, sa thèse porte sur la pénurie de logements en Allemagne. Il la soutient en 1991 et commence, quelques mois plus tard à travailler étroitement avec Gerhard Schröder qui deviendra chancelier allemand en 1998. L’année suivante, Frank-Walter Steinmeier est nommé chef de cabinet à la chancellerie. Il est l’un des artisans des réformes les plus marquantes de Gerhard Schröder : réforme des retraites, du système de santé et du marché du travail. Pragmatique, il passe pour quelqu’un qui sait s’imposer. C’est sans-doute l’une des raisons qui amènent la nouvelle chancelière, Angela Merkel, à le nommer ministre des Affaires étrangères en 2005. Candidat malheureux aux législatives de 2009 face à Angela Merkel justement, il retrouve son poste de diplomate à partir de 2013 et jusqu’à récemment. Un poste taillé sur mesure selon ses collègues du ministère.
Dans les pas de Joachim Gauck
Sa biographie est donc politiquement plus nourrie que celle de son prédécesseur, Joachim Gauck, qui, lui, tirait son autorité de ses activités de dissident sous le régime communiste de l’ex-Allemagne de l’Est. Cela dit, tous deux sont engagés dans l’Eglise protestante et tous deux partagent un goût pour la sobriété. Frank-Walter Steinmeier est l’exact opposé de Donald Trump. Il n’a même pas de compte Twitter, c’est dire ! Plus sérieusement, il l’a répété ces dernière semaines : il souhaite être un président qui s’engage en faveur du renforcement de la démocratie, de la tolérance et de la cohésion.
Frank-Walter Steinmeier est marié et père d’une fille. En 2010, il s’était retiré pour quelques semaines de la vie politique pour donner un rein à sa femme, gravement malade.
Son prédécesseur, Joachim Gauck, quittera ses fonctions à la fin de son mandat, le 18 mars.