Crise syrienne : « Où sont les Etats-Unis ? » Staffan de Mistura ne peut rien dire

Lorsque de nouvelles négociations sur la Syrie à Genève s’approchent et la nouvelle administration américaine garde le silence sur la crise syrienne, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie se demande sur l’engagement américain.

L’émissaire de l’ONU sur la Syrie Staffan de Mistura s’est interrogé sur l’engagement américain dans la recherche d’une solution politique en Syrie, à quelques jours de la reprise de négociations sur la Syrie à Genève.

«Où sont les Etats-Unis ? Je ne peux pas vous le dire, car je n’en sais rien», s’est interrogé Staffan de Mistura sur l’engagement américain dans la recherche d’une solution politique en Syrie lors de la Conférence sur la sécurité à Munich.

«Je comprends qu’ils ont en tête trois priorités : combattre Daesh, limiter l’influence d’un certain acteur régional [l’Iran], et ne pas mettre en danger l’un de leurs principaux alliés dans la région», a déclaré Staffan de Mistura. «Comment résoudre cette quadrature du cercle ? C’est ce qui est en débat à Washington», a ajouté l’émissaire de l’ONU.

«Ma question est: voulez-vous combattre ou défaire définitivement Daesh ? Pour défaire Daesh, il faut une solution politique crédible» en Syrie, a-t-il insisté.

L’administration Trump n’a jusqu’à présent pas ou peu donné de signes sur son implication dans les efforts diplomatiques pour tenter de résoudre le conflit qui ravage la Syrie depuis six ans et a fait plus de 310.000 morts et des millions de réfugiés.

Pas plus qu’elle ne s’est prononcée sur la façon dont elle envisage une solution politique, et en particulier sur le sort du président syrien Bachar al-Assad, dont l’opposition réclame le départ tout comme l’a fait pendant longtemps l’administration de Barack Obama.

«Nous sommes en train de revoir tout le processus de fond en comble», a répondu l’envoyé spécial américain de la coalition antidjihadiste, Brett Mc Gurk, qui participait au débat. «Nous serons très égoïstes concernant la protection et la promotion de nos intérêts», a-t-il ajouté.

De nouveaux pourparlers intersyriens doivent reprendre le 23 février à Genève sous l’égide de l’ONU, après trois sessions en 2016 qui n’ont permis aucune avancée en raison du fossé immense entre les belligérants sur la transition politique et le sort d’Assad.

«Il est temps d’essayer de nouveau», a lancé Staffan de Mistura, rappelant que les conditions avaient changé avec le rapprochement entre Moscou, allié indéfectible de Damas, et Ankara, soutien de l’opposition.

Ce rapprochement a permis l’établissement fin décembre d’un cessez-le-feu et d’un processus de négociations au Kazakhstan centré sur le respect de ce cessez-le-feu.

A Genève, les discussions porteront sur la résolution 2254 de l’ONU, feuille de route internationale pour un règlement du conflit, a insisté Staffan de Mistura.

Cette feuille de route prévoit «une gouvernance crédible et inclusive, une nouvelle Constitution écrite par les Syriens, et non par des étrangers, et des élections sous la supervision de l’ONU, incluant les réfugiés syriens», a énuméré Staffan de Mistura.

«Nous irons à Genève pour discuter d’une solution politique», a déclaré Anas al-Abdeh, le chef de la Coalition nationale syrienne, la principale composante de l’opposition, également présent à Munich.