Des centaines de morts dans de «vastes frappes» israéliennes à Gaza

Des frappes israéliennes, d’une ampleur sans précédent depuis l’entrée en vigueur de la trêve le 19 janvier, ont fait des centaines de morts à Gaza dans la nuit de lundi à mardi. Alors que Benjamin Netanyahu justifie ces raids par le « refus répété de libérer nos otages », le Hamas accuse Israël de « reprendre la guerre ».

La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé, mardi 18 mars, un nouveau bilan d’au moins 330 morts dans les frappes israéliennes de la nuit, d’une ampleur sans précédent depuis le début de la trêve, le 19 janvier 2025. Le général de division Mahmoud Abou Watfa, à la tête du ministère de l’Intérieur pour la bande de Gaza, a été tué dans ces frappes, indiquent plusieurs sources locales.

C’est à 2h20 ce 18 mars au matin en heure locale que la trêve dans la bande de Gaza a pris fin, écrit notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Si l’armée israélienne n’a donné aucun détail sur les bombardements, les services du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ont déclaré que celui-ci a ordonné à l’armée israélienne de mener une « action forte » contre le Hamas. Ces frappes israéliennes à travers la bande de Gaza interviennent « à la suite des refus répétés du Hamas de libérer nos otages, de même que son rejet de toutes les propositions qu’il a reçues de l’émissaire spécial américain Steve Witkoff et des médiateurs », ont déclaré les services de Benyamin Netanyahu. « Israël va désormais agir contre le Hamas avec une puissance militaire accrue », ont-ils ajouté dans un communiqué. Une offensive qui durera « aussi longtemps que nécessaire », ont ajouté les Israéliens.

Un porte-parole de la Maison Blanche a déclaré quelques instants plus tard sur Fox News que l’administration du président américain Donald Trump a été consultée lundi par Israël à propos de ces frappes.

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« Unilatéralement »

Un représentant de haut rang du Hamas a accusé Israël de mettre ainsi fin « unilatéralement » à l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier et dont la première phase a pris fin le 2 mars. Les médiateurs de pays arabes n’ont pas réussi à faire avancer les négociations entre l’État hébreu et le groupe palestinien depuis la fin de cette première phase. La deuxième phase de l’accord devait permettre la libération des derniers otages détenus par le Hamas à Gaza et aboutir à une cessation permanente des hostilités.

Le Hamas a reproché mardi matin à Israël d’avoir repris son « agression » contre les civils de la bande de Gaza et de mettre en danger les otages israéliens encore détenus dans l’enclave.

« Nous ne cesserons pas de combattre »

D’après la Défense civile, au moins 330 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans ces frappes israéliennes. Plus de 150 personnes ont également été blessées, alors que plus d’une trentaine de frappes ont été signalées dans la nuit. Par ailleurs, le général de division Mahmoud Abou Watfa, à la tête du ministère de l’Intérieur pour la bande de Gaza, a été tué dans les frappes israéliennes de la nuit, a appris l’AFP auprès de deux sources du Hamas à Gaza.

Trois habitations ont été ciblées à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, ont rapporté des témoins et des médecins. Un immeuble a également été bombardé dans la ville de Gaza, tandis que des frappes ont été effectuées contre des cibles situées à Khan Younès et Rafah, dans le sud de l’enclave palestinienne. À ce stade, c’est l’aviation israélienne qui attaque mais des sources militaires indiquent que l’opération pourrait s’élargir très rapidement. Depuis plusieurs jours, Israël affirmait que le Hamas mettait à profit la trêve pour reconstituer ses forces dans l’enclave palestinienne.

« Nous ne cesserons pas de combattre tant que tous les otages ne seront pas rentrés chez eux et que tous les objectifs de la guerre ne seront pas atteints », a déclaré le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, dans un communiqué. Parmi ces objectifs, figure, outre le retour de tous les otages (les morts comme les vivants), la destruction du Hamas comme force militaire ou politique dans la bande de Gaza.

La crise politique couve en Israël

Limogés les uns après les autres. En l’espace de quelques mois, Benyamin Netanyahu a mis fin aux fonctions de son ministre de la Défense, a remplacé le chef d’état-major de son armée et s’attaque désormais au chef des renseignements intérieurs, le Shin Bet. « Sur le papier, ce n’est pas illégal », souligne Claude Klein. Mais pour le professeur de droit à l’Université hébraïque de Jérusalem, reste à connaître les véritables motivations du Premier ministre. « Ce qui importe à Netanyahu est de rester au pouvoir, avance-t-il. La question est simplement de savoir s’il n’y a pas de conflit d’intérêt, qui pourrait provoquer une véritable crise constitutionnelle ».

Un conflit d’intérêt, car Benyamin Netanyahu renvoie Ronen Bar, le chef des renseignements intérieurs, suite à un rapport publié par le Shin Bet au sujet des failles sécuritaires du 7 octobre. Or, ce rapport pointe clairement la responsabilité de Benyamin Netanyahu. C’est lui qui a voulu et facilité le financement du Hamas par le Qatar depuis 2018. Et le rapport va plus loin : certains proches collaborateurs du Premier ministre sont accusés d’avoir perçu de l’argent qatarien pour faire la promotion de cette monarchie du Golfe.

« Les plus proches conseillers du Premier ministre sont impliqués. Et ce que tout le monde dit ici : c’est qu’il n’est pas possible que le Premier ministre n’ait pas été au courant. Donc c’est là que se situe le nœud de l’affaire », pointe le professeur. En Israël, Benyamin Netanyahu est poursuivi pour corruption, fraude et abus de confiance. Le Premier ministre israélien est recherché par la Justice internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.