Plusieurs établissements pénitentiaires français ont fait l’objet d’incendies de véhicules dans la nuit de lundi à mardi. La prison de Toulon a été visée par des tirs à l’arme automatique. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a indiqué se rendre sur place. Le parquet national antiterroriste a annoncé se saisir de l’enquête.
Plusieurs prisons françaises ont fait l’objet d’incendies de véhicules et celle de Toulon a été visée par des tirs à l’arme automatique dans la nuit de lundi à mardi, a indiqué l’entourage de Gérald Darmanin mardi 15 avril. Le garde des Sceaux doit se rendre dans l’après-midi au centre pénitentiaire de Toulon pour apporter son soutien aux agents sur place.
« Des établissements pénitentiaires font l’objet de tentatives d’intimidation allant de l’incendie de véhicules à des tirs à l’arme automatique. Je me rends sur place à Toulon pour soutenir les agents concernés », a confirmé Gérald Darmanin sur X. « La République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui vont déranger profondément les réseaux criminels. Elle est défiée et saura être ferme et courageuse. »
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé se saisir de l’enquête.
Les qualifications de l’enquête, confiée à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, seront « communiquées ultérieurement », a indiqué le Pnat dans un communiqué.
Selon une source proche du dossier, « tout cela semble coordonné et manifestement en lien avec la stratégie contre le narcobanditisme du ministre ».
Toutes les hypothèses sont cependant examinées, a appris l’AFP de source proche du dossier, soulignant que des slogans anarchistes avaient été retrouvés sur certains véhicules incendiés.
Selon un communiqué du syndicat pénitentiaire FO Justice, « des véhicules ont été brûlés, des portes d’entrée incendiées et même visées par des tirs d’armes lourdes ».
Trois véhicules, dont deux appartenant à des agents pénitentiaires, ont été incendiés lundi soir sur le parking de la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis), selon une source policière. Un bidon d’hydrocarbure de cinq litres a été retrouvé sur place.
« La réponse de l’État devra être implacable »
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a demandé aux préfets de « renforcer sans délai la protection des agents et des établissements » après les attaques qui ont visé plusieurs établissements pénitentiaires.
« La réponse de l’État devra être implacable. Ceux qui s’en prennent aux prisons et aux agents ont vocation à être enfermés dans ces prisons et surveillés par ces agents », a-t-il poursuivi sur X, condamnant « des attaques inacceptables »
Les images de vidéosurveillance ont permis de voir que les deux auteurs ont pénétré dans l’enceinte en passant par une butte de terre, incendiant chacun un véhicule, le troisième a été atteint par propagation.
Selon une autre source policière, les établissements de Nanterre (Hauts-de-Seine), Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône) et Valence (Drôme) ont aussi été touchés par des incendies de véhicules, dont certains avaient préalablement été tagués.
Au centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède (Var), 15 impacts ont été relevés sur la porte de l’établissement après une « attaque à l’arme lourde, de type Kalachnikov », a affirmé FO Justice sur X.
Au centre pénitentiaire d’Aix-Luynes, deux véhicules ont été incendiés, « ainsi que le portail de l’Eris (Equipe régionale d’intervention et de sécurité, NDLR) visé directement », selon la même source.
Dans la nuit de dimanche à lundi, des incendies ont aussi touché le parking de l’École nationale de l’administration pénitentiaire (Enap) et le centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne), selon plusieurs sources proches du dossier.
« Ces actes criminels sont une attaque frontale contre notre institution, contre la République et contre les agents qui la servent au quotidien », a dénoncé FO Justice, exigeant « une réponse forte, immédiate et sans ambiguïté de l’État ».
« On attend une action coordonnée par les ministres de la Justice et de l’Intérieur », a de son côté déclaré à l’AFP Wilfried Fonck, secrétaire national de l’Ufap Unsa Justice, soulignant que l’administration pénitentiaire n’avait « pas les forces humaines pour assurer la sécurisation aux abords des établissements 24 heures sur 24 ».