Journaux électroniques: un marécage de désinformation.

Rim Kalai Jamai

Rim Kalai Jamai

En Tunisie, avant 2011, nous souffrions de manque de liberté d’expression. Après la révolution, notre mal s’est transformé en excès non contrôlé de liberté d’expression, ce qui pourrait être encore plus dangereux que la répression de la parole.
Le tunisien moyen n’ayant pas encore appris à prendre du recul, à croiser les informations et surtout à gérer ses émotions et sa subjectivité, beaucoup se sont fait de cette faiblesse un fond de commerce pour véhiculer des intox et influencer l’opinion publique pour des fins principalement politiques.
A commencer par les journaux électroniques, qui pullulent sur le web.

Il faut être conscient que la plupart de ces journaux puisent leurs articles dans des statuts fb. Ce qui est en soi une grosse aberration. De plus, on cite à peine le nom de l’auteur sans en spécifier l’affiliation ni les compétences. Ces articles sont donc des points de vue de personnes non journalistes pour la plupart, qui expriment leur vision des événements, qui peut être très subjective et surtout très influencée par l’orientation politique de l’auteur.
Il faut également être vigilant à la ligne éditoriale de chaque journal. Après tout c’est l’éditeur en chef qui choisit les articles, ou plutôt statuts fb. Les publications de chaque journal seront donc dans la lignée des sympathies que l’éditeur a pour tel ou tel parti ou personnage politique.

Hier, j’ai lu un article paru sur lanation .tn ainsi que sur réalités d’un certain Abdelaziz Belkhouja qui met carrément en doute (mais de façon assez subtile par rapport à la moyenne des publis tunisiennes) la guerre contre la corruption du Chef du Gouvernement ( CdG ). Le titre est : Tunisie, de quel « complot contre l’État » s’agit-il ?
En voici le premier paragraphe :
« Est-il concevable que pour faire tomber un affairiste, Youssef Chahed use du « complot contre l’État » et sacrifie des hauts cadres de la sûreté nationale?Et si ce « complot contre l’État » n’était destiné qu’à cacher l’échec de la lutte contre la corruption dont Chahed s’est fait le chevalier? Et si tout cela n’avait pour objectif que de maintenir la popularité du chef du gouvernement, malgré la gestion catastrophique du pays ?Au delà de ces questions que tout le monde est en droit de se poser, c’est la sûreté de l’État qui risque de pâtir dangereusement de cette affaire…« 

En pleine tempête dans l’affaire Jerraya que certaines forces obscures essaient de sortir du pétrin en essayant d’enlever l’affaire au Tribunal militaire, c’est quand même hallucinant qu’un écrivain qui a essayé de faire de la politique et qui a échoué (voir profil sur Wikipedia), vienne nous sortir un scénario digne d’un film d’espionnage pour casser les efforts du CdG à mener tant bien que mal cette bataille.
Pourquoi pas me diriez-vous? Ce n’est pas impossible dans ce pays gangrené par les malfrats et les opportunistes. Je répondrais oui, effectivement, ce n’est pas impossible. Mais dans ce genre de guerre d’information et de désinformation, il faut avoir des repères, et des repères solides, sinon on se noie.
Le mien pour cette affaire? Tout simplement Si Sahbi Ben Fraj. Un homme intègre au-dessus de tout soupçon. Il y a deux jours sur le plateau de Maryem Belkadhi il a assuré que YC était le premier à s’être attaqué sérieusement à la corruption, contrairement à tous ses prédécesseurs. Si Sahbi se bat à côté du CdG dans cette affaire. Et moi j’ai confiance en si Sahbi.

Tout ça pour vous dire qu’on ne peut plus en tant que peuple responsable continuer à être manipulés de la sorte pour servir des intérêts obscurs de mafieux et de politicards en tout genre. Il est temps de choisir un camp et de le défendre. N’avoir confiance en personne est la pire chose qui puisse nous arriver et c’est ce que nos détracteurs cherchent.

Rim Kalaï-Jemai

PS : au moment où j’écrivais ce statut, espace manager a publié un article sur le décès de l’homme de théâtre Abdelkader Mokdad, qu’ils ont retiré trente minutes plus tard qd sur fb il y a eu un démenti de cette info. … médiocrité!