Avec le coup d’État en Syrie, le Hezbollah perd un allié de poids dans la région. Bachar el-Assad permettait l’acheminement des armes iraniennes vers le mouvement chiite libanais et apportait un soutien politique constant au Liban. De surcroît, avec Hayat Tahrir el-Cham (HTS) , l’organisation pro-iranienne sera certainement confrontée à un parti hostile.
Décidément, le renversement du président Bachar el-Assad est un séisme géopolitique à l’échelle régionale. En plus de mettre fin au pouvoir de la famille Assad sur la Syrie, qui durait depuis 54 ans, ce coup d’État porte un coup dur à l’Iran et ses alliés.
La Syrie était une pièce maîtresse dans «l’axe de la résistance» conduit par l’Iran. Le territoire syrien permettait en effet une continuité territoriale entre les alliés de Téhéran avec les Hachd el-Chaabi en Irak, Bachar el-Assad en Syrie et le Hezbollah au Liban. Avec la chute du président syrien, le mouvement chiite libanais se retrouve isolé, amputé de sa profondeur stratégique, sans lien terrestre direct avec le restant de l’alliance.
Fin de l’approvisionnement en armes du Hezbollah ?
«Les armes du parti chiite ont longtemps transité à partir de l’aéroport de Damas, dont le régime était la force occupante au Liban jusqu’en 2005», rapporte un article de L’Orient-Le Jour. Compte tenu du poids et de l’influence syrienne sur la scène politique libanaise, la famille Assad a toujours apporté un soutien indéfectible au Hezbollah.
La chute de Bachar el-Assad est donc un revers pour le Hezbollah, coupant certainement ses lignes d’approvisionnement en armes. De surcroît, en plus de la perte d’un allié de longue date, le Hezbollah risque d’être confronté à une nouvelle Syrie hostile. Hayat Tahrir el-Cham (HTS) a martelé que ses ennemis régionaux étaient le Hezbollah, l’Iran et les Russes. Une entente entre les deux mouvements est donc improbable.
Le parti chiite sort à peine d’une guerre destructrice de deux mois contre l’armée israélienne. L’aviation de Tsahal a pilonné les infrastructures militaires du parti aux quatre coins du pays du Cèdre, visant les cadres du parti et frappant également ses bases en Syrie. De surcroît, l’accord de cessez-le-feu a porté un coup sérieux au mouvement chiite, l’obligeant de se retirer du sud et de se désarmer.
Le chef de l’opposition libanaise au Hezbollah, Samir Geagea, leader des Forces libanaises, estime d’ailleurs que «le Hezbollah militaire n’existe plus» après la guerre qui a opposé le parti chiite à Israël au Liban-Sud.