Un « nouveau conseil d’administration » entre en fonction à la CBL (Central Bank of Libya) au milieu d’une querelle lourde de conséquences.
Un nouveau conseil d’administration aurait pris ses fonctions à la Banque centrale de Libye (CBL) dans un contexte de querelle concernant les efforts visant à évincer le gouverneur de la CBL Al-Siddiq al-Kabir.
Au début du mois, le Conseil de la présidence (PC) basé à Tripoli a voté à l’unanimité pour nommer Mohammed al-Shukri gouverneur de la CBL, en remplacement d’Al-Kabir.
Dans le même temps, la Chambre des représentants (HoR), basée dans l’est du pays, a annoncé le 16 août qu’elle suspendrait sa décision de 2018 de nommer Shukri au poste de gouverneur.
Guerre des clans
La page Facebook de la CBL a publié hier une déclaration indiquant que le nouveau conseil d’administration avait « pleinement assumé ses fonctions ». Le communiqué indique que le nouveau conseil d’administration a « respecté toutes les procédures requises pour assurer un processus de transition en douceur ».
Le journal anti-HOR Libya Observer a indiqué que le comité de transfert avait été créé par le PC et que celui-ci avait temporairement désigné Abdelfattah Abdelghafar (Abdul Fattah Abdul Ghafar) gouverneur de la CBL.
Dans le même temps, Al-Wasat a indiqué que le sort de la CBL restait « mystérieux », avec des informations contradictoires concernant le processus de transfert et la création d’un nouveau conseil d’administration, tandis que la Chambre des représentants et Al-Kabir ont accusé le PC d’avoir « pris d’assaut » le siège de la banque.
Plusieurs médias ont rapporté hier que la CBL, dirigée par Al-Kabir, avait annoncé la suspension de tous ses services en raison de « circonstances exceptionnelles ».
Haftar rejette les initiatives visant à créer un nouveau conseil.
L’influent commandant de l’Armée nationale libyenne (LNA) Khalifa Haftar a rencontré l’envoyée de l’ONU en Libye, Stephanie Koury, hier pour discuter de la crise de la CBL. Selon un communiqué publié par la LNA, Haftar a rejeté les « mesures illégales » prises par les partis politiques qui « manquent de légitimité».
Il a également évoqué la « nécessité de respecter » les autorités légitimes et constitutionnelles.
Craintes d’instabilité économique liées à la crise de la CBL
Plusieurs médias nationaux se sont dits préoccupés par l’impact économique de la crise du leadership de la CBL.
Al-Wasat, dont la couverture est généralement impartiale, a indiqué que, selon un chercheur de l’Atlantic Council, la facture serait « énorme » si Al-Kabir devait être destitué de force. Il a cité l’expert selon lequel toute tentative de « contrôler la CBL par la force » aurait « d’énormes conséquences juridiques et financières pour la Libye ».
Un autre article paru dans le journal Ean Libya, basé à Londres, a également mis en garde contre l’impact économique de la crise de la CBL. Il a cité un expert économique selon lequel les développements de la CBL « menacent de paralyser complètement l’économie».
L’expert a déclaré que les récents développements auraient des « conséquences désastreuses », notamment la suspension des services de la CBL et la fermeture de champs pétrolifères.
Dans le même temps, la chaîne pro-Tripoli Libya Al-Ahrar a publié des avertissements selon lesquels la crise de la CBL pourrait avoir un impact sur les échanges économiques avec la Tunisie.
Il a cité une déclaration du Conseil d’affaires tuniso-libyen exprimant ses préoccupations concernant les récents développements au sein de la CBL et leur impact sur les relations économiques entre les deux pays.
La mission de l’ONU tiendra une réunion d’urgence sur la fermeture des champs pétroliers libyens.
La Mission de soutien des Nations unies en Libye (MANUL) a annoncé qu’elle convoquerait une réunion d’urgence pour toutes les parties impliquées dans la crise de la Banque centrale de Libye (CBL) afin de résoudre le conflit sur la base de l’indépendance de la banque et d’assurer la continuité des services publics.
Dans un communiqué publié hier, la mission a exhorté toutes les parties à suspendre toutes les décisions unilatérales liées à la CBL, appelant à la levée immédiate des cas de force majeure sur les champs pétrolifères et demandant aux parties de s’abstenir « d’utiliser les recettes primaires du pays à des fins politiques ».
Hier, les autorités basées dans l’est ont déclaré un cas de force majeure dans tous les champs et installations pétroliers et l’interruption de la production de pétrole jusqu’à nouvel ordre. Cette décision s’inscrit dans le contexte d’une querelle latente au sujet de la direction de la CBL entre les administrations rivales de l’est et de l’ouest de la Libye.
Dans le même temps, Libya al-Ahrar a fait état d’une « hausse mondiale » de 3 % des cours du pétrole en raison de la fermeture.
Voir également : Exposé : Les autorités de l’est de la Libye déclarent un cas de force majeure dans des champs pétrolifères Exposé : La querelle entre la Banque centrale de Libye se poursuit dans un contexte de divisions politiques croissantes.
Source : Economics for Tunisia, E4T, 27 aout 2024