Ce matin, Mehdi et Belhassen sont partis, comme chaque semaine depuis sept mois, pour voir Sonia. Sept mois à répéter les mêmes gestes : préparer les repas, prendre la route, patienter, entrer au parloir. Mais aujourd’hui, dans la précipitation, ils ont oublié le permis de visite obligatoire. Une simple erreur, une seule fois en sept mois.
À l’accueil, les agents pénitentiaires, qui les connaissent bien maintenant, ont tout fait pour arranger la situation. Ils ont cherché une solution, parce qu’ils savaient. Parce qu’ils voyaient. Ils sont même allés voir la directrice pour demander une exception, juste cette fois. Mais elle a dit non. C’est elle qui a refusé. Pas les agents, humains malgré ce système. Non, elle, la directrice. Un non catégorique, définitif. Une décision qui ne servait à rien, sauf à punir, à montrer encore une fois qu’elle a le pouvoir.
Alors Belhassen a dû repartir, refaire une heure de route à une vitesse qui m’a glacé le sang. Une heure où tout pouvait arriver, où je n’ai pas cessé d’imaginer un drame. Tout ça pour un papier, un détail, à l’heure où tout pourrait être numérisé, enregistré, simplifié. Mais ici, ce détail était une arme, une humiliation imposée. Parce qu’elle le pouvait.
Et pendant ce temps, Sonia attendait. Dans cet enfer qu’ils appellent prison, qu’attend-elle vraiment ? Une voix, un regard, un sourire, un peu de chaleur humaine.
Sa vie est devenue une attente infinie. Elle attend cette douche hebdomadaire, ce moment dérisoire où elle pourrait espérer se sentir propre. Une douche devenue un supplice.
Le mitigeur est cassé. L’eau est soit glacée, soit bouillante. Sonia a choisi l’eau chaude. Parce qu’elle n’avait pas d’autre choix. Parce que le froid, déjà partout, la détruit un peu plus chaque jour. Aujourd’hui, son dos, ses bras, ses jambes sont couverts de brûlures, de cloques. Sa peau hurle la douleur. Voilà ce que cette prison lui offre : le choix entre mourir gelée ou mourir brûlée.
Ses mains, elles, ne répondent plus. Sonia n’a plus aucune sensation, jusqu’aux coudes. Le médecin qu’elle a enfin pu voir a confirmé : c’est le froid qui les a détruites. Alors elle ne peut plus se laver. Elle ne peut plus laver ses vêtements. Elle vit dans sa crasse. Non par négligence, mais parce qu’ils l’ont réduite à ça. Dépossédée de tout, même de sa dignité.
Et ce week-end, Sonia a fait un malaise. Elle a vomi. Elle s’est effondrée. Au début, elle ne comprenait pas pourquoi. Jusqu’à ce qu’elles découvrent que les égouts de la cellule ont été mangés par les rats. Les toilettes, sans cloison, sans intimité, dégagent une odeur toxique, insupportable. Une odeur qui sature l’air. Sonia respire cette pestilence jour et nuit, avec trois autres femmes, enfermées dans vingt mètres carrés. Une odeur capable de tuer, qui empoisonne lentement leurs poumons. Elles vivent avec ça. Elles survivent avec ça.
Et ce n’est pas tout. Il fait si froid que même les rats ont cherché refuge dans la cellule. Ils rampent sur ses affaires, grattent sous son lit, envahissent son espace. Sonia, cette femme d’un courage inébranlable, est aujourd’hui terrifiée par ces bêtes qui cohabitent avec elle.
Ils ne se contentent pas de briser son corps. Ils veulent anéantir son esprit. Sonia avait le droit aux journaux : on les lui a confisqués. Elle écoutait la radio : ils l’ont coupée. Elle regardait les informations à la télévision : elles ont disparu. Elle reçoit des lettres, on ne les lui donne pas. Ils veulent la couper du monde. La réduire au silence. Mais aujourd’hui, Mehdi lui a glissé une petite victoire à l’oreille : « Bachar el-Assad est tombé. » Et Sonia a souri. Ce sourire, rare, précieux, portait tout. Parce qu’elle sait, comme nous savons, que tous les tyrans finissent par tomber.
Et Mehdi a fait encore plus. Il a réussi à la faire rire. Ce rire, si rare, il l’a arraché avec son humour, son instinct de toujours savoir quoi dire, même dans les pires moments. Derrière cette vitre crasseuse, il lui a dit : « Ta puanteur traverse la vitre ! Et avec tes cheveux moitié blancs moitié noirs, tu ressembles à Cruella ! » Sonia a éclaté de rire. Un rire qui a traversé la douleur, les rats, le froid, les brûlures, l’humiliation. Ce rire disait : je suis encore là.
Mais combien de temps encore ? Depuis que Sonia est arrivée, depuis surtout que la directrice est arrivée, tout a changé dans cette prison. Avant, les prisonnières pouvaient réchauffer leurs repas : interdit. Avant, elles pouvaient aller chez le coiffeur : fermé. Avant, elles pouvaient porter des manteaux pour se protéger du froid : désormais, c’est interdit. Et pourquoi ? Parce que Sonia est là. On veut que les autres prisonnières la détestent. On veut les monter contre elle, qu’elles la rendent responsable de leurs propres souffrances. On veut qu’elle soit seule, haïe, isolée.
Mais Sonia résiste. Malgré tout. Malgré ses mains mortes, l’eau qui la brûle, l’air qui l’empoisonne, les rats qui l’envahissent. Elle résiste parce qu’elle sait que ce combat dépasse sa propre personne.
Ils essaient de la briser, de la réduire à rien. Mais Sonia est toujours là. Et nous, sa famille, nous sommes là aussi. Chaque rat, chaque brûlure, chaque larme ne fait qu’alimenter notre rage. Parce que Sonia mérite mieux. Parce qu’aucune femme ne devrait subir ce qu’elle endure.
Ils peuvent lui retirer tout ce qu’elle possède. Ils peuvent la couper du monde. Mais ils ne pourront jamais éteindre ce qu’elle représente. Sonia, c’est le courage face à l’injustice. C’est la vérité face au mensonge. C’est la preuve qu’ils ont peur. Parce que Sonia, c’est bien plus qu’une femme en prison. C’est un symbole. Et ils le savent. Ils savent, comme elle sait, comme nous savons, que tous les tyrans finissent par tomber.
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ليوم مهدي وبلحسن اللي مشاو لسنية.، كل جمعة فرد روتين حضر القفة، لِمْ لحوايج، شد الثنية. سبع شهر هذاك المقرص هذاك المعجون. أما اليوم، خرجومهمشين نسّاو بطاقة الزيارة. نساو الله غالب، غلطة وحدة في سبع شهر
وصلوا للحبس، الأعوان و الڤارديانات يعرفوهم و يحقوهم. سبعة شهر كل جمعة في وجوههم. حاولوا يلقاو حلّ، و يدخلوهم بلاش بطاقة. مشاو يشاورو في المديرة الوقورة الانسانة الرائعة، قالتلهم دوويو. روفزت بكل أريحية. فماش دخول. فرصتها باش تورينا مليح شكون يحكم
ترسي لبلحسن يرجع، يضرب ساعة في الثنية، يجري كي المهبول بش يجيب الورقة لْنانا. ساعة وقلبي طايح خايفة عليه، خايفة مل كاياس، خايفة تهبط علينا لا يقدر مصيبة أخرى. هذا الكل علاش، على خاطر الكولونالة قالت لا. هذا الكل على خاطر ورقة، في القرن الواحد و العشرين، الناس وصلت للمريخ، كل شيء إلكتروني، تنزل على فلسة ساهلة ماهلة أما لا. صحى للوقت و للدنية
وسنية تستنى.فاش؟ تستنى في صوت، تستنى في ضحكة، في شوية هزان مورال
حياتها الكل ولات مستنية. جمعة كاملة تستنى في الدرج دوش تقول تستنى في باب العرش. يخي الدوش ولاتلها كوشمار. السبالة مكسرة، تختار يا ماء مڤلص يا ماء يغلي. إخطارت تتحرق. بدنها الكل تحرق. ظَهرها، يديها، ساقيها.. لكلها مصهودة نبايل نبايل… قالك هذاك الحبس و العدالة، يا مسكجة يا محروقة، اختار كيفاش تموت
ليها مدة تقلنا ما عادش نحس في صوابعي، مللول كانو ينملو و توى ولات متحس شي حتى للمرفق. ليوم شافت الطبيبة، قالتلها مالبرد و الماء لمڤلص
اي اكهو عاد، ما عادش تنجم تغسل، ما عادش تنجم تغسل حوايجها. ولات منتنى كيفهم. وصلوها وين حبو. نهر السبت داخت، ترد و تجي على راسها و مش فاهمى مناش. يطلع الجربوع كلى الحلاقم. التولات لا فيها باب لا هم يحزنون، أربعة نساء و ميحاض في عشرين ميترو، الريحة تعترق، الشي خارج مالحلاقم، ريحة تخنق، ريحة وصخ يقص النفس و يقتل. أربعة نساء عايشين في پوبالة. الحرابع تخربش و تجري بين ساقيهم، يباتو ما يرقدوش الليل و هما يڤانصو فيهم
سنية مرعوبة، تبركالله قوية قدام كل شي، اما الهم هذا ما تنجموش
يحبوا يدمّروها في بدنها و في مورالها . حكم جديد، حرمو عليها الجرائد ما عادش عندها الحق فيهم. نحولهم الراديو، الأخبار في التلفزة كيف كيف. نبعثو الجوابات، ما توصلش. يحبوا يقطعوها مالعالم، يدفنوها بالحياء
اما مادم عندها عايلة ما ينجموش. اليوم، مهدي بشرها: “بشار الأسد طاح”. سنية شاخت . ضحكت ضحكة كبيرة، فيها كل شيء. خاطرها تعرف، واحنا زادة نعرفو، اللي كل ديكتاتور يجيه نهار
شافها مهدي شايخة تسيب في البلادة، بدى يتضومر. مهدي، بليد يحيب الضحكة حتى على راس الميت حاشاكم. مهدي اللي يبيع عمرو على خواتو قاللها: “قتلتني ريحتك كي السفش تعدّات البلاّر! وزيد، شعرك شطر أبيض و شطر اكحل تقول كرويلا متاع الكوميك!” سنية تضحك و تقلو مسقطك و هو مسيب. ضحكت بالدموع ضحكة تنسي في الماء اللي يحرق، و في البرد، وفي الحيوط، و في الذل. ضحكة متاع نحن لها
أما الوقتاش و قداش بش تشد؟ من نهارت اللي سنية دخلت، و خاصتا من هارت اللي سيدة المديرة تسمات كل شيء تبدّل في الحبس. قبل، كانوا يسخنو الماكلة: حرمتها . كانوا عندهم حجامة: سكرتها. كانوا يلبسوا كبابات: روفزتهم. هذا الكل علاش،على خاطر سنية. تحب تعيف فيها النساء الكل. تحبهم يكرهوها، و يقولو لكلو منها
هي ماذبيها أما سنية ما طاحتش و احنا واقفين مادامها واقفة، كل جربوع، كل حرقة، كل دمعة تزيد تقوينا. خاطر سنية ما تستاهلش اللي صاير فيها الكل، خاطر ما فما حتى مرا تستاهل تعيش في الذل هذا
بدنها محروق، يديها ميتة، الجرابع عايشين معاها في البيت، والبرد يهد فيها. و تبركالله واقفة. حتى كي ترخ، حتى كي تترهوج، ايامات و ترجع هي. واقفة على خاطر تعرف روحها ما عندها ما عملت. واقفة على خاطرنا واقفين معاها
ينجموا ينحّولها كل شي. ينجموا يقطعوها مالعالم. أما عمرهم ما ينجموا ينحيو اللي تمثّلو. يحبوا يهدوها اما ما ينجموش ينسيو و يفصخو سنية شنية. سنية هي الشجاعة قدّام الظلم. هي الحقيقة قدّام الكذب. هي القوة اللي يخافوا منها. خاطر سنية ماهيش مجرّد مرا في الحبس. سنية رمز. خاطرهم يعرفوا، و هي تعرف، و احنا نعرفو، اللي كل طاغية يحيه نهار. اللي كل ديكتاتور لازم يجي نهار و يطيح