L’Espagne , l’Allemagne, la Suède, la Pologne et la République Tchèque ont estimé que l’envoi de troupes en Ukraine n’était pas envisageable pour le moment, réagissant aux propos d’Emmanuel Macron qui avait affirmé qu’il ne devait pas «être exclu».
«Ce n’est pas du tout d’actualité pour l’instant», a déclaré ce 27 février le Premier ministre suédois Ulf Kristersson sur la chaîne publique SVT en réaction aux propos du président français Emmanuel Macron, qui avait affirmé la veille au soir que l’envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine ne devait pas «être exclu» à l’avenir.
«Pour l’instant, nous sommes occupés à envoyer du matériel avancé à l’Ukraine [et ce] de différentes manières», a souligné le chef du gouvernement suédois. «Il n’y a pas de demande» côté ukrainien pour des troupes au sol, a fait valoir Ulf Kristersson. Donc, «la question n’est pas d’actualité», a-t-il insisté.
«En revanche, les traditions d’engagement des pays» sur la scène internationale diffèrent entre elles, et «la tradition française n’est pas la tradition suédoise», a estimé le Premier ministre sur SVT.
Le Premier ministre suédois n’est pas le seul dirigeant à avoir tempéré les propos d’Emmanuel Macron. Le chef du gouvernement néerlandais Mark Rutte, cité par Le Figaro à l’issue de la réunion de l’Élysée, a aussi assuré que cette question de l’envoi de troupes au sol n’était pas été à l’ordre du jour.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a quant à lui déclaré à AP que l’Alliance Atlantique n’avait aucun plan d’envoi de troupes en Ukraine.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé lors d’une conférence de presse que «ce qui a été décidé entre nous dès le début continue à être valide pour l’avenir», à savoir «qu’il n’y aura aucune aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les Etats européens, ni par les Etats de l’Otan sur le sol ukrainien».
Le porte-parole du gouvernement espagnol a déclaré que Madrid n’était «pas d’accord» avec l’idée d’envoyer des troupes en Ukraine.
Prague et Varsovie déclinent aussi l’envoi de troupes
Les chefs des gouvernements polonais et tchèques Donald Tusk et Petr Fiala, réunis à Prague juste avant une rencontre avec leurs homologues hongrois et slovaque dans le format dit Groupe de Visegrad, ont aussi commenté les propos tenus la veille par le président français Emmanuel Macron, déclarant ne pas envisager un envoi de troupes.
«Aujourd’hui, nous devrions nous concentrer, comme l’ont fait les gouvernements polonais ou tchèque, à soutenir l’Ukraine au maximum dans son effort militaire», a estimé Tusk.
Le Kremlin dénonce le danger d’une confrontation directe
Dmitri Peskov a relevé ce 27 février que l’envoi de personnel militaire avait été discuté en Europe. «Si cela advient, nous devrons parler non pas de la probabilité, mais de l’inévitabilité d’un affrontement direct entre la Russie et l’OTAN», a prévenu le porte-parole du Kremlin.
Celui-ci a néanmoins noté qu’«un certain nombre de pays européens maintiennent une évaluation sobre du danger potentiel lié à l’envoi de troupes en Ukraine et à leur implication dans un conflit brûlant».
Fico dénonce le risque d’une «énorme escalade de la tension»
«Je peux commenter l’ambiance qui régnait lors de cette réunion. Elle était militaire : soutenir la guerre à tout prix, tout faire pour que cette guerre continue», a déclaré le Premier ministre slovaque Robert Fico dans une vidéo citée par RIA Novosti. «J’ai été très surpris qu’il n’y ait pas un seul mot sur un quelconque plan» pour la paix ou pour une sorte d’initiative de paix», a-t-il regretté.
Le chef du gouvernement slovaque, partisan d’une désescalade en Ukraine, avait déjà déclaré le 26 février que «plusieurs États membres de l’OTAN et de l’UE» envisageaient «d’envoyer leurs soldats sur le territoire de l’Ukraine sur une base bilatérale».
«Tout ce qu’ils veulent, c’est que la tuerie continue»
«Nous voyons d’énormes risques pour la sécurité dans les accords bilatéraux qui seront probablement conclus prochainement avec les États membres de l’OTAN et de l’UE qui veulent envoyer leurs troupes en Ukraine», avait-il ajouté.
«Je ne peux même pas l’imaginer. Il y aura des soldats des États membres de l’OTAN sur le territoire de l’Ukraine. Je sais ce qu’ils y feront, mais cela fait partie d’une information réservée. C’est pourquoi je ne la diffuserai pas», a-t-il déclaré, ajoutant qu’une telle décision conduirait à «une énorme escalade de la tension». Et d’ajouter : «Tout ce qu’ils veulent, c’est que la tuerie continue.»
Ces propos interviennent alors que la situation est de plus en plus difficile pour l’Ukraine sur le terrain, depuis l’échec de sa contre-offensive estivale. Les troupes de Kiev accumulent depuis quelques semaines les revers dans l’est du pays, avec la perte il y a plus d’une semaine de la ville forteresse d’Avdeïevka.