Turquie : plus de deux millions de personnes au rassemblement de l’opposition à Istanbul

Le principal parti d’opposition, le CHP, organisateur de la manifestation, assure que la foule compte 2,2 millions de personnes

Les manifestants veulent défendre la démocratie après l’arrestation du maire Ekrem Imamoglu en Turquie. Ce samedi, plusieurs centaines de milliers de personnes participent samedi à une manifestation massive de l’opposition sur la rive asiatique d’Istanbul, selon des journalistes de l’AFP.

Özgur Özel, chef du principal parti d’opposition, le CHP, organisateur de la manifestation, a déclaré aux manifestants que la foule comptait 2,2 millions de personnes, mais l’AFP n’a pas été en mesure de faire confirmer ces chiffres de manière indépendante.

« La résistance est partout »

Les manifestants, munis du drapeau turc et de portraits de Mustafa Kemal Atatürk, le père de la nation, scandent « Taksim est partout, la résistance est partout ! » en référence à la place stambouliote, épicentre du vaste mouvement de contestation de Gezi en 2013. Parmi eux : l’épouse, la mère et les deux fils d’Ekrem Imamoglu.

« Nous sommes ici pour notre patrie. C’est nous, le peuple, qui élisons nos gouvernants », insiste Melis Basak Ergun, 17 ans, en jurant que les manifestants ne se laisseraient jamais intimider « par la violence ou les gaz lacrymogènes ». L’arrestation d’Ekrem Imamoglu le 19 mars a déclenché une vague de protestations inédite en plus d’une décennie à travers la Turquie, mobilisant des dizaines de milliers de manifestants chaque soir dans les rues, jusqu’à lundi soir.

Une « tentative de coup d’Etat »

Depuis, le parti a cessé de convoquer la foule devant la municipalité. Mais dans un entretien au quotidien français Le Monde, daté de samedi, Özgür Özel, devenu le porte-voix de l’opposition, annonce la tenue de rassemblements réguliers à venir.

Rappelant qu’ils ont été interdits par les autorités dès l’arrestation du maire, le chef du parti kémaliste se dit prêt à « prendre le risque de passer huit, dix ans en prison s’il le faut. Parce que si nous ne repoussons pas cette tentative de coup d’Etat, il en sera fini des urnes ».

Le CHP s’apprêtait à investir Ekrem Imamoglu comme son candidat pour la prochaine présidentielle prévue en 2028 quand il a été arrêté le 19 mars et envoyé en prison cinq jours plus tard. En ce début du long week-end de l’Aïd-El-Fitr, qui sera célébré dimanche pour marquer la fin du ramadan, le rassemblement de samedi a donc valeur de test pour l’opposition alors que de nombreux stambouliotes auront quitté la ville pour être en famille.

Une répression violente

Si les jeunes et les étudiants surtout ont tenté de poursuivre la mobilisation, la répression qui continue avec des arrestations, chez eux à l’aube, de manifestants, journalistes, avocats pourrait rebuter les plus déterminés. Rien qu’à Istanbul, 511 étudiants avaient déjà été interpellés vendredi, dont 275 incarcérés, selon l’avocat Ferhat Güzel, pour qui « ce nombre est probablement beaucoup plus élevé ».

Selon les derniers chiffres officiels, plus de 2.000 personnes ont été arrêtées dont 260 avaient été incarcérées. Vendredi soir, le journaliste suédois Joakim Medin, interpellé jeudi à sa descente d’avion, a été placé en détention dans une prison d’Istanbul, a affirmé le rédacteur en chef de son journal Dagens UTC, Andreas Gustavsson.