Les États-Unis proposent une résolution à l’ONU pour mettre un terme à la guerre en Ukraine, mais le texte est tellement court et imprécis qu’il pourrait profiter à la Russie.
Les États-Unis ont proposé, vendredi 21 février 2025, un projet de résolution à l’Assemblée générale de l’ONU qui réclame « une fin rapide » du conflit en Ukraine. Il n’y a aucune mention du respect de l’intégrité territoriale du pays, ont indiqué des sources diplomatiques à l’AFP avant un vote prévu lundi.
L’Assemble générale de l’ONU a reçu un projet de résolution de la guerre en Ukraine, vendredi 21 février 2025. Alors que le président américain Donald Trump fait pression sur son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le projet de résolution vu par l’AFP « implore pour une fin rapide du conflit et appelle à une paix durable entre l’Ukraine et la Russie », une formulation laconique loin des précédents textes de l’Assemblée clairement en soutien à l’Ukraine.
Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l’ONU à approuver cette nouvelle résolution : « Les États-Unis ont proposé une résolution simple et historique aux Nations Unies que nous exhortons tous les États membres à soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix », a déclaré Marco Rubio dans un communiqué, sans en commenter en détail le contenu.
Cette résolution américaine « est une bonne idée », a commenté l’ambassadeur russe à l’ONU Vassili Nebenzia, notant toutefois qu’il manquait une référence « aux racines » du conflit.
Une réunion organisée lundi
L’Assemblée générale de l’ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine. Pour cette occasion, l’Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d’efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».
Le texte répète également les précédentes demandes de l’Assemblée générale d’un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d’Ukraine et la cessation des attaques de la Russie contre l’Ukraine. Ces précédents votes avaient rassemblé un très large soutien, autour de 140 votes sur les 193 États membres.
Mais la réunion de lundi est la première depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump qui est reparti à la charge vendredi contre le président ukrainien, jugeant que sa présence n’était « pas importante » à des négociations avec la Russie.
Un texte « minimaliste »
Le texte américain proposé vendredi, qui ne comporte que 65 mots seulement, risque de provoquer la colère des Européens, déjà désarçonnés par le dialogue américano-russe sur l’Ukraine. « Pas de commentaire pour l’instant », a simplement indiqué l’ambassadeur français à l’ONU Nicolas de Rivière.
« Un texte minimaliste de la sorte qui ne condamne pas l’agression russe ou ne fait pas référence explicitement à l’intégrité territoriale de l’Ukraine ressemble à une trahison de Kiev et à un coup bas contre l’UE, mais aussi un mépris pour les principes au cœur du droit international », a déclaré à l’AFP Richard Gowan, de l’International Crisis Group.
Dans le même temps, une deuxième tentative d’accord sur les minerais ukrainiens est en discussion entre les États-Unis et l’Ukraine. Volodymyr Zelensky a dit espérer vendredi un accord « équitable » avec les États-Unis, les deux pays étant en négociations pour un accès pour les entreprises américaines aux minerais stratégiques de l’Ukraine en échange de l’aide de Washington face à Moscou.
Des discussions alors que le président ukrainien continue de subir les attaques de Donald Trump. Ce dernier a également une nouvelle fois refusé de blâmer frontalement Moscou pour l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Comme un grand coup de pied dans la fourmilière: en l’espace de quelques jours, Donald Trump a fait vaciller le lien transatlantique. Témoignant d’un sentiment d’urgence, le président français Emmanuel Macron, qui a multiplié les appels à son homologue américain, vient lundi à Washington pour s’en expliquer avec Donald Trump.
La Russie propose son propre amendement
Ce 22 février, l’agence de presse RIA Novosti a affirmé que la Russie avait apporté un amendement au projet américain.
Selon la même source, la version originale du projet contiendrait la formulation suivante : «Appelle à une fin rapide du conflit et appelle en outre à l’établissement d’une paix durable entre l’Ukraine et la Russie.» Des mots qui, selon l’amendement russe, devraient être suivis de «y compris en éliminant les causes profondes du conflit».
Le 20 février, l’agence de presse Reuters a cité des sources diplomatiques selon lesquelles les États-Unis avaient refusé de coparrainer un projet de résolution de l’ONU soutenant l’intégrité territoriale de l’Ukraine et exigeant à nouveau que la Russie retire ses troupes. Cette résolution était soutenue par plus de 50 pays, selon l’agence.