Le virus du VIH ne se développe plus chez un patient atteint du sida, alors qu’il ne prend plus ses traitements. Les médecins veulent tout de même attendre deux ans avant de pouvoir parler de guérison. Un tel cas a déjà été observé il y a dix ans.
Dix ans après un premier cas confirmé, un homme présenté comme « le patient de Londres » n’a pas montré de signe d’être atteint du virus VIH-1 depuis près de 19 mois et ce alors qu’il a interrompu son traitement, ont rapporté des chercheurs.
Les pronostics sont bons pour ce patient atteint du VIH. « Une greffe de moelle osseuse provenant d’un donneur résistant au VIH semble avoir mis en rémission un deuxième homme, surnommé ‘le patient de Londres' », indique le Peter Doherty Institue for infection and Immunity, institut australien en charge du patient.
« Le patient ne prend plus son traitement ARV [thérapie antirétrovirale, ndlr], depuis 19 mois sans rebond viral, ce qui est impressionnant mais je surveillerais toujours de près sa charge virale. Cela fait longtemps qu’il est en rémission de traitement, c’est très encourageant », a déclaré Sharon Lewin, professeure et directrice de l’institut. La plupart des patients atteints du virus prennent ce traitement pour toute leur vie pour qu’il contrôle le virus sans pourtant l’anéantir.
Une mutation du gène CCR5
Un autre cas a déjà été identifié il y a dix ans, Timothy Ray Brown, appelé « le patient de Berlin ». « Ceci est une grosse affaire. Cela nous dit que Timothy Brown n’était pas un cas isolé », ajoute Sharon Lewin. Les deux hommes ont en commun d’avoir été soignés pour un cancer du sang. « Ils ont reçu des greffes de cellules souches de personnes portant une mutation du gène CCR5 », explique le média Science relayé par l’institut. Ce gène participe à l’immunité des cellules. Sa mutation rare est résistante à l’infection du VIH. Elle concerne les cellules de 1 % de la population selon l’institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Le virologue Ravindra Gupta, professeur à l’University College London, sera présent à la conférence annuelle sur les rétrovirus et infections opportunistes (CROI) à Seattle, du 4 au 7 mars, pour analyser le cas. « Ravindra Gupta préfère dire que l’homme est en rémission à long terme, en partie parce que l’équipe n’a pas examiné de tissus autres que le sang du patient », explique le journal. « Après deux ans, nous parlerons davantage de ‘guérison' », précise le médecin.
Science ajoute que Timothy Ray Brown, qui a eu besoin de deux greffes pour guérir sa leucémie, a subi un traitement chimique intensif et, en plus de cela, a reçu une irradiation du corps entier. Le patient londonien, en revanche, avait un schéma thérapeutique moins sévère qui ciblait son lymphome.
37 millions de personnes infectées
Des millions de personnes infectées par le VIH à travers le monde contrôlent cette maladie à l’aide d’une thérapie antirétrovirale (ARV), mais ce traitement ne débarrasse pas les patients du virus. « En ce moment, la seule façon pour traiter le VIH est par l’administration de médicaments qui contiennent le virus et que les gens doivent prendre toute leur vie », a rappelé Ravindra Gupta. « Cela représente un défi particulier dans les pays en voie de développement », où des millions de personnes n’ont pas accès à un traitement adéquat, a-t-il ajouté.
Près de 37 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde, mais seules 59% d’entre elles bénéficient d’ARV. Près d’un million de personnes meurent chaque année d’affections liées au VIH. Une nouvelle forme de VIH résistante aux médicaments représente une préoccupation grandissante.
Avec agences