Ce jeudi 14 novembre, le dictionnaire de l’Académie française est remis au président de la République dans sa neuvième édition. Une étape solennelle dans l’engagement des Immortels pour la défense de la langue française.
L’Académie française, créée en 1635 par Richelieu, vient de publier le quatrième volume de la neuvième édition de son Dictionnaire, 90 ans après la précédente. La version numérique gratuite est disponible sur le site de l’Académie et permet de mesurer les évolutions de la langue. Une version papier sera remise au président de la République, et l’évènement célébré par une cérémonie sous la coupole.
Vous vous êtes peut-être déjà demandé à quoi sert l’Académie française et les quarante académiciens qui la compose ? Eh bien, avant toute chose, à établir un dictionnaire. En 330 ans, il y en a eu seulement neuf versions ! La dernière datait de 1935.
Les immortels évoluent dans un temps long, ils examinent chaque mot de A à Z avant de le retenir. Cette neuvième édition a véritablement été lancée dans les années 1980 sous l’impulsion de Maurice Druon. Elle compte 53 000 références (c’est peu pour un dictionnaire) dont 21 000 nouveaux termes (ce qui constitue un bon renouvellement). Le texte a doublé de volume, il a l’ambition de coller à son époque – on y retrouve les termes de télétravail ou de surconsommation -, tout en minimisant la place des anglicismes et des mots à la mode. La féminisation s’améliore notamment dans les métiers, le préfet et la préfète, ministre et maire peuvent être précédé de l’article « la ».
Les détracteurs du DAF (pour dictionnaire de l’Académie française) rappellent que les académiciens ne sont pas des linguistes et estiment qu’à ce rythme de travail l’ouvrage est très vite périmé. N’y cherchez pas coronavirus, féminicide ou mail. Un mail (terme anglais pour courriel) est pour l’Académie une « Promenade publique spacieuse et généralement plantée d’arbres, où l’on jouait autrefois au mail » genre de jeu de croquet…
La bonne nouvelle, c’est que le site internet de l’Académie française regroupe désormais en un seul portail les neuf éditions complètes… Une mine d’informations pour tous ceux qui s’intéressent à la langue. Au fil des recherches, on constate que le monde a changé : le mot homosexuel jusqu’alors inexistant ne fait son apparition que dans cette dernière édition, le terme « femme » n’est qualifié d’être humain que depuis 1935, avant cela la définition était « femelle de l’homme ». Il faut dire qu’à l’époque, il n’y avait pas de femme à l’Académie française. « Les dictionnaires sont le reflet de l’évolution des mœurs et des époques, aucun ne contient toute la langue et tous les points de vue », explique Nicolas Catach responsable de la version numérique.
La commission du dictionnaire va maintenant reprendre ses séances hebdomadaires tous les jeudis matin et s’atteler à la dixième édition, avec l’aide habituelle d’un service de lexicographes. Il faut tout recommencer depuis la lettre A sans pression. Nul doute qu’à « Dictionnaire », on trouvera la même définition : « Recueil méthodique de mot rangé par ordre alphabétique ».