Le ministre d’extrême droite Bezalel Smotrich a affirmé le 25 novembre lors d’un colloque qu’Israël devrait « conquérir » la bande de Gaza et réduire de moitié la population palestinienne locale par « une émigration volontaire ».
« On peut et on doit conquérir la bande de Gaza, il ne faut pas avoir peur de ce mot », a déclaré le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich lors d’un colloque organisé par le Conseil de Yesha, organisme représentant les colons de Cisjordanie occupée. « Il ne fait aucun doute qu’à Gaza, avec l’encouragement d’une émigration volontaire, il existe ici, selon moi, une opportunité unique qui s’ouvre avec la nouvelle administration (Trump) », a ajouté le ministre des Finances, à la tête du parti d’extrême droite Sionisme religieux. « On peut créer une situation dans laquelle, d’ici deux ans, la population de Gaza sera réduite de moitié », a-t-il précisé.
Le 14 novembre, Human Rights Watch avait estimé que le déplacement forcé à répétition des Palestiniens dans la bande de Gaza constituait un crime contre l’humanité, des accusations rejetées comme « totalement fausses » par Israël. Les « actions d’Israël semblent également correspondre à la définition du nettoyage ethnique » dans les zones où l’armée a sommé les Palestiniens de partir et où ils ne pourront pas revenir, avait jugé l’ONG dans un rapport. « Les mots « nettoyage ethnique » sont de plus en plus utilisés pour décrire ce qui se passe dans le nord de Gaza », avait aussi déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell le 11 novembre sur X.
Les projets de « transfert volontaire » de la population gazaouie de Bezalel Smotrich et de son collègue ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avaient provoqué un tollé en janvier. « Les États-Unis rejettent les récentes déclarations des ministres israéliens Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir prônant la relocalisation des Palestiniens en dehors de Gaza », avait alors affirmé le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, qualifiant ces propos d’« irresponsables ».
En dépit de son retrait unilatéral en 2005, Israël est considéré par le droit international comme la puissance occupante de la bande de Gaza, un territoire conquis lors de la guerre israélo-arabe de 1967. Le Hamas, qui y a pris le pouvoir en 2007, accuse Israël de vouloir poursuivre la guerre déclenchée par l’attaque du 7-Octobre pour mener une politique de « nettoyage ethnique » dans la bande de Gaza, où vivent 2,4 millions de Palestiniens.
Le retour éventuel d’une présence civile juive dans ce territoire a été rejeté par Benyamin Netanyahu, mais il est évoqué par les ministres les plus radicaux de son gouvernement. « Il est évident qu’au final, il y aura une présence juive civile dans la bande de Gaza », avait affirmé Bezalel Smotrich lors d’une rencontre avec des militants de droite en octobre.